Quel géomètre n'a pas, tapi au fond d'un placard, l'appareil de ses débuts, ou
celui hérité de son prédécesseur, qui attend de pouvoir resservir, au cas où, la
malchance aidant, ceux qui sont utilisés tomberaient en panne simultanément ?
Parce qu'aucun opérateur du bureau ne serait capable de s'en servir efficacement, puisqu'il faudrait remettre en route des techniques que par facilité on a oubliées, il n'est pas sorti, il est sagement dans sa boîte depuis dix ou vingt ans... plus peut-être. Je parle du T1 Wild, celui qui a déjà beaucoup fonctionné, pas l'automatique, mais celui à qui il fallait "caler la bulle" avant de faire une lecture. Celui qui ne tournait plus et que j'ai dégrippé le lendemain matin d'un jour pluvieux, sur le terrain, avec la goutte d'huile de la jauge de la 2 CV. Et ça marchait !
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Il y a aussi le bel objet en cuivre, celui qui est gradué en degrés, avec ses
taquets usés ou ses fils du réticule cassés. Qui aura la passion et la patience
de rechercher un fil d'araignée pour le réparer, comme l'a raconté à plusieurs
générations d'élèves-géomètres de La Martinière à Lyon notre professeur René
Biedermann ?
Essayez donc de bricoler votre "LEICA" ou votre "SPECTRA-PRECISION" en panne en sortant votre boite à outils ! Nos anciens de l'Association Rhône-Alpes des retraités, avec l'appui du Conseil Régional de l'Ordre, ont mis sur pied une structure pour réunir et conserver les instruments anciens utilisés dans le passé par les géomètres.
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C'est "GEOMUSEE"où sont rassemblés, dans des vitrines accessibles aux
visiteurs, les dons ou dépôts faits à l'Association des Amis du Musée.
Le matériel est répertorié, classé, étudié, nettoyé et exposé, pour permettre aux élèves, étudiants et professionnels de se replonger dans nos sources. Il serait bien étonné le sieur Napoly, géomètre à Pommiers dans le Rhône, de voir affichée sa patente d'arpenteur délivrée en 1830 !
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Vous pourrez admirer, parmi nos acquisitions, une copie de mappe sarde de 1732, à l'échelle de 1/2372, qui, bien avant notre cadastre napoléonien, représentait les biens fonciers des savoyards, sujets du Roi de Sardaigne, de Chypre et de Jérusalem. |
Vous pourrez aussi toiser à l'aide d'une toise de France, graduée en six pieds de douze pouces, règle en bois de 1,949 m et reporter vos mesures à l'aide du kutch de l'époque, en bois, pliant, représentant un pied de Chambre ou pied de Savoie, qui, bien entendu, n'a pas la même longueur que le pied de France. |
Vous pourrez encore préférer remettre en place cette splendide borne taillée en
"pierre dorée", ce calcaire qui donne une luminosité et une chaleur
incomparables aux maisons des villages Beaujolais, au milieu des vignes, sous le
soleil d'automne. Les lettres L M gravées sur la face nous désignent les
propriétaires : Gabrielle, Bonne, de Laurencin pour le L, et son mari Anne,
Victurnien, René, Roger de Rochechouart, Duc de Mortemart, Prince de
Tonnay-Charente pour le M, possesseurs du domaine de Lachassagne. Nul doute que
les opérations de bornage, vers 1850, se sont terminées dans les caves du
château, où le Beaujolais du clos a scellé l'accord des parties.
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Pour cette opération, vous utiliserez la chaîne de dix mètres, en cinquante maillons, mais attention aux "voleurs", ces boucles traîtresses qui se forment souvent et qui raccourcissent la distance entre les deux poignées. |
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Vous connaissez sûrement les niveaux d'eau, en laiton, de plus d'un mètre de longueur, à fioles en verre, mais le trépied à pointe et la mire à voyant pour l'utiliser ont rarement été conservés. |
Je ne dirai rien des boussoles, équerres, graphomètres, niveaux de pente, cercles d'alignement, théodolites, tachéomètres, niveaux divers. Si, quand même un mot de cette mire horizontale de deux mètres, prise de guerre à l'armée Allemande, qui servit aux installations militaires de l'aéroport de Bron et qui a fait une seconde carrière plus pacifique. |
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Les instruments de bureau : planimètre, rapporteur, pantographe et boîte à compas sont bien représentés. Les machines à calculer sont nombreuses : des "moulins à café" nécessitant un habile coup de main, comme celui qui, à la fin du siècle dernier, vous assurait un résultat avec dix-huit chiffres et dont le coffret en fer, fait immanquablement penser à une machine à coudre ; en passant par les énormes électro-mécaniques américaines Marchant, qui malgré leur allure de machines à sous n'ont permis à personne de décrocher le Jack-pot !!, en terminant pour l'instant, par la Monroe électronique de 1968, qui nécessitait la place occupée aujourd'hui par un photocopieur pour faire les mêmes opérations qu'une calculette programmable actuelle. |
Qui nous aidera à dater ce cercle géodésique fabriqué par "GAGGINI, opticien, 1, rue de l'Echelle à Paris " ? Nous travaillons sur l'identification précise de nos merveilles et nous comptons sur le spécialiste ou sur l'amateur éclairé qui voudra bien nous contacter pour nous communiquer son savoir et sa documentation. par email : geomusee |
Certains matériels ont pu assurer leur service pendant vingt, trente, voir
cinquante ans sans défaillir. Sans être devin, nous pouvons prédire que les
instruments d'aujourd'hui seront obsolètes bientôt et que le musée s'enrichira
sous peu d'un G.P.S. qui aura servi à l'établissement d'une B.D.L. sous D.A.O.
... chacun aura pu apprécier la poésie des sigles !
Alors maintenant, vous savez qu'avant de mettre votre vieil appareil au rebut ou de le laisser moisir au fond d'un placard, GEOMUSEE est prêt à l'accueillir, et à en faire profiter la profession, pour qu'elle n'oublie pas, tout en se tenant à la pointe de la technique, que ce sont les anciens qui lui ont donné une âme. le président Michel CHINAL |
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