Jean Brunner (1804-1862), est le fils d'un serrurier suisse réputé (1). Son apprentissage se fait dans l'atelier de son père, puis à l'Institut polytechnique de Vienne. En 1828, il s'installe définitivement à Paris. En France, il travaille chez Vincent Chevalier, célèbre fabricant de microscopes, avant d'ouvrir ses propres ateliers, probablement dans les années 1830. Il obtient vite la reconnaissance de ses pairs grâce à ses instruments de géodésie. En 1853(2), il entre au Bureau des longitudes en tant qu'artiste adjoint. A la mort de Jean Brunner, l'atelier est repris par ses deux fils, Emile (1834-1895) (3) et Léon (1840-1894). L'entreprise prend alors le nom de " Brunner frères " et continue la tradition familiale en produisant des instruments géodésiques et astronomiques.

source : http://www.patrimoine.polytechnique.fr

(1) né à Ballstall (Soleure)

(2) artiste 1850-1862 d'après le Bureau des Longitudes

(3) artiste au Bureau des Longitudes 1878-1885 et membre titulaire artiste ou artiste ayant rang de titulaire 1885-1895

source des notes : Archives de l'Observatoire du Bureau des Longitudes

Extrait de l'article : "LE GRAND PLAN PARCELLAIRE OU DE DETAILS DE LA VILLE DE LYON, 1860-1970. LA CONTRIBUTION DES GEOMETRES PRIVES" du catalogue de l'exposition FORMA URBIS aux Archives Municipales de Lyon.

En août 1860, la Ville commande deux instruments à Brunner, ingénieur-fabricant réputé à Paris, 183, rue de Vaugirard . Le grand modèle pour la triangulation avec cercle horizontal de 220 mm, et un autre plus petit, avec un cercle de 146 mm , sont facturés pour respectivement 1.800 et 750 F comprenant trépieds à doubles branches, port et emballage.

J.M. Fouque en donne la description : "L'instrument dont on a fait usage pour les observations des angles est un théodolite de Brunner donnant directement les cinq secondes. Cet instrument se compose d'un trépied muni de 3 vis à caler, sur lequel s'élève une colonne centrale et intérieure. Sur cette colonne reposent le limbe gradué et un deuxième limbe concentrique au premier portant quatre verniers. Ce deuxième limbe est surmonté par une pièce horizontale portant à une extrémité le cercle vertical et à l'autre un contre-poids. Au centre du cercle vertical se meut la lunette servant au visé des points. Sur l'axe de la lunette s'adapte un niveau qui sert à mesurer son horizontalité. Par suite de ce système de construction la lunette est excentrique, ce qui exige que l'on vise une première fois avec la lunette étant à droite et une deuxième fois la lunette étant à gauche, la moyenne des deux angles excentriques donne l'angle au centre" .

Il ne figure pas dans les dépenses engagées par l'opération mais d'après le cahier des charges de 1861, il devait être fourni par la ville au triangulateur. Il pèse 37 kg avec son coffret en bois, ce qui justifie l'emploi d'un porteur au cours des opérations de terrain.

Joanny Guillermain qui l'a utilisé, note en 1914 que, d'après les observations de Germain Mermet : "de 90° à 120° les divisions seraient trop grandes donc les angles trop petits et de 150° à 180°, les divisions seraient trop petites, donc les angles trop grands". Après démontage, le cercle vertical montre plusieurs inscriptions : "Nettoyé le 1er juillet 1864, L. Mathieu Lyon", "nettoyé à nouveau les 2, 3 et 4 juin 1927, E. Defrain", et la signature "J. Guillermain". Aujourd'hui, il porte les traces d'un choc sur la lunette (de 42 cm de longueur) dont les pattes de fixation sont tordues . Il manque les deux optiques : oculaire et objectif et diverses petites pièces.

En novembre 1930, il servit à Georges Berthier, employé de J. Guillermain, pour mesurer les repères de stabilité posés après le glissement de terrain de la catastrophe de Fourvière depuis un salon particulier de la rue Tramassac. D'autres observations ont suivi depuis les tours de la cathédrale St Jean par Eugène Fontany, géomètre du service topographique de la Voirie .

Cet instrument appartient aux Archives Municipales. Il est déposé au Géomusée de Lyon qui l'a démonté entièrement et nettoyé en juillet 1997. L'autre théodolite de Brunner, de même construction, avec une lunette excentrée, mais plus petit, a servi à la polygonation. Actuellement, il est en très mauvais état puisque la lunette, absente, a été arrachée en déformant le cercle vertical. Il appartient également aux Archives Municipales et il est aussi en dépôt au Géomusée.

Michel CHINAL, géomètre-expert, président de Géomusée Rhône-Alpes 10/09/1997.

Rapprochement des berges de la Saône.

Un projet de pont reliant les deux collines de Fourvière et de la Croix-Rousse a été étudié dans les années 1980 (un de plus). Les déformations subies par le pont de L'Homme de la Roche sur la Saône ont posé la question de la stabilité des berges et notamment de leur rapprochement. Un ensemble de repères mis en place en 1860 a été de nouveau mesuré. Les observations d'origine ont été recalculées. Un rapprochement décimétrique a pu ainsi être mis en évidence (par un cabinet Lyonnais).

Michel CHINAL Extrait de la conférence sur l'Histoire de la Mesure 01/12/ 2002, 21/12/2008

nouvelle recherche

"Je soussigné Brunner Cr d'instruments de précision, demeurant à Paris, rue de Vaugirard N° 183, m'engage a construire pour la ville de Lyon les instruments ci-après dénommés :

Un théodolite se composant de :

un cercle horizontal de 0 m 20 cent de diamètre et d'un cercle vertical de 0 m 18 cent de diamètre divisés chacun de 5 en 5 minutes et donnant les 5" à l'aide de quatre verniers. Chacun de ces cercles permettra de réitérer le même angle sur toute leur circonférence, cet instrument se compose en outre d'une lunette de 0 m 48 cent de distance focale avec deux grossissements, de deux niveaux dont l'un servira à déterminer l'invariabilité du cercle vertical et l'autre l'inclinaison de l'axe de ce même cercle, le tout dans sa boite et un pied à double branche ... 1800 fr

Un théodolite se composant d'un cercle horizontal qui permet la réitération et d'un cercle vertical fixe, chacun de ces cercles aura 0 m 13 cent de diamètre et sera divisé de 10 en 10' donnant les 10" à l'aide de deux verniers, d'une lunette de 0 m 32 cent de distance focale, dans sa boite et avec un pied à double branches ... 750 fr

Total 2550 fr

Je livrerai ces deux instruments dans le délai de deux mois.

La ville de Lyon me paiera pour la fourniture de ces deux instruments la somme de deux mille cinq cent cinquante francs.

Fait à Paris le 16 juillet mil huit cent soixante. Brunner"

(Archives Municipales de Lyon 322 W P 2) croquis joint à la soumission :

démonté et nettoyé le 17/11/2007

Signature sur cercles horizontal et vertical : nettoyé le 1er juillet 1864 R. Mathieu Lyon