" Des mesures d'ordre des plus rigoureuses seront prises pour éviter tout accident. Le public doit se tenir sur les accotements de la route, en dehors de la ligne des arbres. " (Le Progrès, 13 ,juin 1907)
" L'automobile Club du Rhône fait savoir qu'il vient d'obtenir l'arrêt à la gare des Chères-Chasselay, dimanche, du train express qui partira de Lyon-Perrache à 7 h 8. La gare des Chères est située à environ trois kilomètres du Moulin de la Thibaudière où commence le parcours... " (Le Progrès, 14 juin)
" Dès cinq heures du matin la route de Limonest et la route d'Anse ont présenté une animation extraordinaire... C'était la première fois que dans notre bonne ville de Lyon on observait des vitesses pareilles. Aussi les spectateurs qui s'y attendaient étaient venus en foule et tout au long de la ligne droite, ils étaient échelonnés, attendant surtout les grosses voitures. La Bayard-Clément de Tecrag a produit un effet extraordinaire. Lancée à 150 à l'heure, elle troue l'espace, laissant l'impression d'un obus à peine entrevu, et non pas d'une voiture qui vient de passer ! Un clin d'oeil et le point noir qui venait d'un côté, a déjà passé et disparu de l'autre côté.
Bien que l'impression laissée par cette vitesse ait été considérable, nous devons ajouter que le record du kilomètre lancé n'a même pas été approché : ceux qui ont vu ce spectacle effarant d'une machine roulant à cette allure, pourront commencer à se rendre compte des progrès obtenus en automobile lorsqu'ils songeront que le record du monde dépasse non seulement 150, mais même 200 kilomètres à l'heure. " (Le Progrès, 17 juin)
La vitesse atteinte est de 146 km/h sur une voiture de quatre cylindres.
Le 21 juin 1908, la deuxième édition a lieu sous la pluie.
Le meilleur résultat est encore obtenu par une voiture Bayard-Clement mais de six cylindres, avec 162 km/h. Les motocyclettes ne sont pas au niveau des automobiles. La meilleure a atteint 91 km/h avec un moteur de 250 cm3. Il faut dire qu'elles ressemblent plus à des bicyclettes motorisées qu'à des motos.
Le 13 juin 1909 l'épreuve a lieu malgré la faible participation due à la crise automobile.
" De l'impression générale ressentie par le public pendant cette course, je ne puis dire que deux mots : elle a beau être toujours un peu la même, elle est quand même régulièrement curieuse. On remarque des moteurs faibles qui rendent bien ; on applaudit aux voitures rapides et quand viennent les voitures de course, on est stupéfié, médusé, on ouvre les yeux tout grands ; on n'a rien vu ! Un bolide a fait un trou dans l'air, là, devant nous ; c'est une machine qui a passé, effarante, c'est tout ce que l'on sait. Après on reprend son souffle !
C'est au retour que l'on a pu voir le nombre colossal de spectateurs qui étaient venus là, la route sur deux kilomètres était noire. " (Le Progrès, 14 juin 1909)
REPRISE DU KILOMETRE LANCE
" La Vie Lyonnaise ", revue illustrée, paraissant tous les samedi, lancée en
1919, annonce dans son numéro 93 du 24 juin 1922 :
" Reprenant son ancienne épreuve d'avant guerre, l'A.C.R. en collaboration cette
année avec le M.C.L., fera disputer demain, sur la route nationale n°6, entre
le village des Chères et Anse, sa grande épreuve de vitesse pure.
Admirablement situé, à la jonction des riantes vallées de l'Azergues et de la
Saône, le parcours choisi se prête merveilleusement à une épreuve de ce genre.
La route en cet endroit est, en effet, parfaitement droite avec une déclivité
insignifiante sur environ 5 kilomètres et c'est exactement entre la borne 29,1
et la borne 28,1 que les concurrents s'attaqueront au record. "
La revue du 1er juillet publie le reportage de l'épreuve :
" Une Delage, conduite par Thomas, approche le 200 à l'heure. Belles
performances des Mathis, SLIM, Vermorel, Ballot, Alcyon G.L., Ceirano. Les
engins légers à toute allure.
L'activité de l'A.C.R., notre grand club régional, et la collaboration féconde
avec le Motocycle-Club ont donné, dimanche dernier, aux fervents du moteur à
explosion, un spectacle de tout premier ordre.
Sur la route nationale des Chères à Anse, furent lâchés, devant un ruban de
macadam en assez bon état et débarrassé des obstacles habituels, tous les engins
de locomotion de tourisme moderne : motos, side-cars, cyclecars, voiture de
tourisme, de sport, de course.
Les résultats montrent les progrès considérables réalisés depuis la dernière
épreuve, en 1909, sur le même parcours. Des motocyclettes d'environ un tiers de
litre de cylindrée dépassèrent largement le 100 à l'heure ; un cyclecar fit plus
de 126 et une Delage de course, engin merveilleusement étudié pour la lutte
contre le chronographe, couvrit le kilomètre en un peu plus de 18 secondes. "
L'épreuve semblait promise à un long avenir. Pourtant ce fut le coup d'arrêt
donné par le comité sportif de l'A.C.R. dans sa séance du 27 septembre :
" Malgré le grand succès obtenu cette année, le Comité décide de ne pas
renouveler l'année prochaine en raison des difficultés d'organisation et du
danger que représente une course de ce genre sur une route bordée d'arbres. "