LE CLOCHER EN FEU

Lors des accrochages précédents, des rafales d'armes automatiques ont semblé provenir du clocher. Un Ansois les a même signalées aux libérateurs. L'un d'eux, le Zouave Joseph GUERILLON, dans le half-track de Marcel OGER, tourne sa mitrailleuse lourde de 50 et tire à balles incendiaires sur la flèche. Bientôt celle-ci s'embrase, brûle comme une torche et s'effondre en plein milieu de la rue.
La légende du tireur caché dans le campanile circule après la Libération. Le curé et Claude, son dévoué carillonneur, examinent avec minutie la porte de fer qui donne accès à l'escalier. Elle est restée verrouillée, la clé attend toujours à la sacristie. Au sommet des marches en colimaçon, sur la voûte défoncée où le prétendu mitrailleur aurait dû s'installer avec son arme, pas de douilles ... rien. Etrange qu'un tireur abandonne son poste sous le feu adverse, sans hâte excessive, après avoir recueilli tous les étuis puis refermé la porte métallique, avec un passe-partout sans doute.
Mais d'autre part, comment confondre le tir d'une mitrailleuse au sol avec celui d'une arme automatique logée à dix mètres de haut ?

Aujourd'hui, les choses s'expliquent ainsi : en face de l'église, de l'autre côté de la rue, se dresse à l'époque, la maison du géomètre BOURCERET. Elle possède deux corps de bâtiment, reliés par une partie plus basse, avec un toit d'un seul pan, à peine incliné. L'Allemand signalé se tient sur cet appentis. Masqué par la partie sud et la cheminée qui domine, de cet observatoire idéal, il peut en même temps balayer la rue Bourgneuf et tenir en respect les véhicules qui s'approchent par la colline. A distance, bien entendu, l'appréciation d'une trajectoire est sujette à l'erreur, et cela va coûter la vie d'un beau clocher.

le clocher a perdu sa flèche
la cloche a percé la voûte
vue de la place de la République
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autres dégâts
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